Bienvenue aux étangs de Ville-d’Avray, où l’histoire et la nature se rencontrent au bord de l’eau. Ces paysages paisibles, baignés d’une lumière douce, ont inspiré de nombreux artistes, dont le peintre Camille Corot.

L’histoire des étangs remonte au Moyen Âge. Le plus ancien, situé rue de la Ronce, servait de réserve de poissons et d’abreuvoir. Un peu plus haut, dans la forêt, se trouve le « Vieil Étang » — aussi appelé le « Petit Étang » — qui date de la fin du XIVe siècle. Enfin, vers 1690, à la demande de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, un troisième bassin est créé : l’« Étang Neuf ». Relié au domaine de Saint-Cloud par un aqueduc souterrain, il alimente encore aujourd’hui ses fontaines et son réservoir.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les blanchisseurs viennent y laver le linge. Mais avec la pollution croissante, cette activité est interdite en 1855. Peu à peu, les étangs changent de vocation : ils deviennent un lieu de promenade apprécié des Parisiens en quête de verdure. Les anciennes maisons de blanchisseurs se transforment alors en résidences secondaires ou en guinguettes.

Parmi elles, on trouve « La Chaumière », fondée par Jean-Baptiste Cabassud. Après la guerre de 1870, elle devient un lieu prisé, fréquenté par des écrivains comme Alphonse Daudet ou des artistes, dont Corot qui vivait à proximité. Ce lieu convivial a accueilli des générations de visiteurs, jusqu’à la fin du XXe siècle. Vers 1990, un nouvel hôtel y est construit, en conservant une partie des bâtiments d’origine.

Mais les étangs n’ont pas inspiré que des peintres. Ils ont aussi servi de décor à un film primé aux Oscars. Il s’agit des Dimanches de Ville-d’Avray, réalisé par Serge Bourguignon. Tourné pour une part ici, ce film a reçu, en 1963, l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Une œuvre délicate, poétique, qui continue de faire rayonner Ville-d’Avray bien au-delà de ses frontières.

Dans ces étangs, le biologiste Jean Rostand venait pêcher des grenouilles et des crapauds pour ses recherches. Il les élevait dans son jardin — au grand dam de ses voisins, gênés par leurs coassements ! Certaines de ces grenouilles se distinguaient par la présence de doigts ou d’orteils supplémentaires. Par ses recherches, Jean Rostand a pu démontrer que cette anomalie, appelée polydactylie, n’était pas héréditaire, et a envisagé l’hypothèse d’une cause infectieuse. Les enfants du village lui apportaient des têtards en échange de quelques pièces. Ensemble, ils exploraient les mystères de la vie, là où la science se mêle à la poésie des étangs.

Texte : Dominique Claudius-Petit - les Amis du musée
Comédien : Boris de Mourzitch
Dessin de Seb James